Happy Father's Day, ...you.
Inévitablement, les choses devaient tourner au vinaigre au moment le moins opportun. Selon les croyances de la populace qui m'entoure, je serais censée
pouvoir supporter toutes sortes de formes de rejet, mais en réalité mon ADN est
fait tout autrement. Dès que j'ai entendu la phrase, je n'ai pas pu empêcher le
serrement dans mon ventre, ni même ralentir le rythme de mon coeur. C'était
comme si j'implosais et explosais en même sans trouver la force de crier,
pleurer ou même dire une petite phrase libératrice du genre : FUCK
IT.
Pendant que j'essayais de mettre le masque de la fille qui ne ressent
rien ou qui n'entend rien, dans ma tête je faisais aller mes méninges. Je devais
dire quelque chose à quelqu'un là, maintenant, ou sinon j'allais fuir ce
sapristi de souper (qui s'annonçait infernal) et revenir quand j'aurais
la force de continuer à supporter mon rôle de brebis galeuse. Entre mes
fragments de scénarios hollywoodiens où je me voyais prendre tous les chaudrons
et les balancer dans toutes les directions, je me suis souvenue de ce que ma
mère m'a dit hier soir avant de s'endormir : « Cynthia... je veut que tu me
dises tout. Tout! ». J'espère qu'elle a réalisé que me demander une chose
pareille impliquait aussi devoir négocié avec mes impulsions et mes coups de
blues qui me frappent sans prévenir. J'ai attendu d'être plus près d'elle et lui
a lancé la phrase tout de go, sans essayer de calculer les conséquences que cela
allait avoir. Après tout, personne ne calcule les conséquences de leurs actions
sur moi, alors au diable... Les mots sont sortis de ma bouche en résonnant des
échos que je pensais ne plus être capable d'entendre. « Pourquoi vous n'êtes
jamais fier de moi?!» Voilà, c'était demander. Je n'attendais pas une réponse
valable ni même une explication rationnelle.
Entre les plates excuses
d'une mère désemparée de mon coup bas durant cet événement pour les fathers, je
me suis enfermée dans les toilettes et j'ai fait couler l'eau du robinet. Partir
ou rester. Rester ou partir. Non, j'allais faire ce que je sais faire de mieux :
disparaître. Après tout, un an a passé depuis que je me suis effacée et la vie
continue, pourquoi pas aujourd'hui aussi...
Je suis revenue à table, contre
mon gré. J'ai essayé d'avoir l'air normale, de contrôler les tremblements dans
ma voix. Fichues larmes, si elles me trahissaient je m'infligeais la pire des
tortures dignes du temps féodal. J'espérais secrètement que personne n’allait
faire cas de la « petite discussion », mais ce fut pire. On m'a jeté des cennes
de charité. Vous savez, le genre de trucs qu'on dit pour faire semblant qu'on
estime son enfant? Je n'ai pas regardé mon père de tout le souper et je suis
contente de ne lui avoir rien acheté pour la Fête des Pères.
Un jour, je serai capable de lui dire la vérité sur ce que je pense de lui. Parfois, j'ai envie d'aller dans sa face et lui dire d'un souffle : « Je n'attends plus rien de toi; n'attends plus rien de moi. Disparais de ma vie comme je disparais de la tienne. Tu me dois au moins ça. »
Et là, j'emmerde ma soeur avec tout ça. Oh! joie.
Humeur: I really wish I would get some recognition for what I agonize over.
Bande-son: Placebo - Ask for answers